10h09, Gare Montparnasse
Les Brestoises Sarah et Inès arrivent en TGV à Paris, maquillées de frais, chapeaux de cow-girl vissés sur le crâne. Elles ont peu dormi… « On ne pouvait pas rater ça. Beyoncé, c’est pas juste un concert, c’est une cérémonie. » Le train Paris-Saint-Denis est bondé. Les banquettes sont devenues des loges de fortune où l’on fixe les paillettes, ajuste les franges, récite les paroles de Texas Hold ’Em.
13h10, devant les grilles du Stade de France
Il fait déjà 29°C. Une centaine de fans attendent, assis sur les trottoirs, à l’ombre des arbres ou des pancartes de chantier. Certains sont là depuis 4h du matin. En groupe ou en solo, tous sont là pour vivre une expérience totale. « Je viens d’Ardèche, » confie Léa, 24 ans. « J’ai gagné ma place grâce à un concours. Je tremble encore. Ma mère m’a déposée en voiture à 2h. » Plus loin, deux jeunes hommes de Lille improvisent une sieste sur une couverture rose fluo. « On a payé 280€ pour être dans la fosse or. On veut être au premier rang. »
15h30, code vestimentaire activé
C’est l’heure des shootings improvisés. Les tenues sont dignes de la Fashion Week : bottes blanches à talons XXL, dentelle, cuir, denim blanchi, lunettes strassées, vestes à franges… Le Cowboy Carter Tour est une ode à l’Amérique noire des grands espaces. Les looks répondent à l’appel. Certains ont passé la nuit à coudre leur tenue. D’autres arborent des t-shirts « Beyoncé for President », ou des répliques du clip Jolene. On voit même un sosie de Dolly Parton.
16h50, les portes ouvrent
Un murmure d’excitation se propage, puis des cris. La foule avance, compressée mais joyeuse. Certains pleurent déjà. D’autres filment chaque pas. La sécurité veille, et distribue de l’eau. « C’est que de l’amour ici, » lance une jeune femme en fauteuil roulant, aidée par les stewards du stade. À l’intérieur, les écrans géants diffusent un teasing visuel de western futuriste. La scène, en forme de sablier galactique, capte tous les regards.
20h47, extinction des lumières
80 000 spectateurs crient à l’unisson. Beyoncé surgit, telle une apparition, juchée sur un cheval de lumière. La voix est intacte, puissante, solaire. Les riffs de guitare de American Requiem ouvrent le bal. S’enchaînent Ya Ya, 16 Carriages, puis Formation dans une version retravaillée en mode Nashville funk. Costumes signés Versace, chorégraphies millimétrées, écran 360° : le show est un opéra postmoderne, un manifeste pop féministe et politique.
21h52, Miley Cyrus entre en scène
C’est la surprise du soir. La foule rugit. Les deux artistes reprennent ensemble II Most Wanted dans une communion parfaite. Les téléphones sont tous levés, mais beaucoup pleurent sans filmer. « C’est irréel », souffle un fan belge. Dans les tribunes, des enfants chantent avec leurs mères. Le stade devient un choeur planétaire.
23h51, salves finales
Halo, puis Texas Hold ’Em. La communion atteint son sommet. Beyoncé remercie longuement le public français : « Vous êtes ma maison de cœur. » Elle dépose sa main sur son torse, s’incline. Les larmes coulent des deux côtés. Feu d’artifice. Rideau.
1h12, retour à la réalité
Dans les couloirs du RER B, les fans marchent lentement. Fatigués, heureux, parfois silencieux. « J’ai eu ce que j’étais venu chercher : la force de croire que tout est encore possible, » glisse une femme d’une quarantaine d’années, seule, en regardant sa photo souvenir avec la scène. Ce soir, dans les wagons bondés, Beyoncé a laissé plus qu’un écho : elle a gravé une étincelle dans chaque cœur. Une messe païenne où le monde, l’espace d’une soirée, s’est réaccordé.
CHIFFRES CLÉS DU CONCERT DE BEYONCÉ AU STADE DE FRANCE
Lieu : Stade de France, Saint-Denis
Nombre de concerts : 3 (20, 21 et 22 juin 2025)
Fréquentation totale estimée : environ 240 000 spectateurs sur les trois soirs
Prix des billets : de 60 € à 385 € (fosse or), jusqu’à 750 € en revente
Recettes brutes estimées : plus de 30 millions d’euros pour la France
Budget estimé du “Cowboy Carter Tour” : plus de 100 millions de dollars
Costumes et marques partenaires : Versace, Loewe, Off-White, Burberry, Levi’s
Retombées économiques locales :
- Hôtellerie/restauration : +25 % de fréquentation durant le week-end à Paris
- Transports (SNCF, RATP, VTC) : pics de trafic enregistrés en Île-de-France
- Vente de produits dérivés : t-shirts à 60 €, hoodies à 120 €, affiches à 25 €
Origine des spectateurs : - 70 % venus de toute la France
- 30 % de l’étranger (Espagne, Belgique, Royaume-Uni, Allemagne, etc.)